Noirceur et Beauté des choses

La photographie en noir et blanc est un art intemporel et une terre de contrastes ramenant à la fois le photographe et le spectateur à l'essentiel.
La photographie de montagne et le photographe de montagne n'échappent pas à la règle.
La photographie de montagne en noir et blanc porte en elle l'héritage de l'esprit romantique qui mettait l'accent sur l'expression des émotions, la fascination pour la nature et le sublime. Les artistes romantiques ont cherché à transcender la réalité quotidienne en explorant des thèmes tels que l'amour, la mélancolie et la grandeur de la nature.
En tant qu'artiste photographe, c'est dans cette filiation que je tente de m'inscrire, cherchant inlassablement à capturer l'essence de la nature, provoquer des émotions profondes et célébrer l'esthétique des montagnes.
Le noir et blanc en photographie permet de jouer avec des contrastes marqués et des dégradés subtils, recréant ainsi un contraste fort entre une esthétique parfois spectaculaire et ces ambiances dramatiques que j'affectionne tant.
Le rapport intime que j'ai noué avec la montagne depuis mon enfance ainsi que mon histoire familiale ont façonné le regard de l'artiste et du photographe que je suis.
Cette photo, prise il y a quelques semaines sur les hauteurs de Chamonix, pourrait résumer à elle seule tout cela.
Elle aurait pu s'intituler "L'origine du Monde", en référence à Gustave Courbet.

Voyant à la fois la noirceur et la beauté des choses, j'ai le sentiment d'avoir pu saisir ce jour-là les deux à la fois.
Sorte d'équilibre ténu entre puissance et majesté du paysage d'un côté et fragilité et intensité dramatique de l'autre.
Exprimer et traduire ce que l'on ressent, c'est probablement ce qui distingue le photographe de l'artiste.
Pendant des siècles, l'homme s'est contenté d'observer les cimes depuis le fond des vallées.
Je suis en ce sens un homme de la Préhistoire.

Des Alpes aux Pyrénées, je contemple les paysages de montagne et les panoramas qu'elles nous offrent.
J'ai fait à ma façon plus d'une fois le tour du mont Blanc.
Le voici en version "on the rocks" sur son versant français,

Et dans sa version italienne, recouvert de son bonnet lenticulaire, le fameux "âne du mont Blanc"

Dans mon errance, j'ai souvent croisé ses voisins de chambre :
L'Aiguille du Goûter un soir d'automne,

Et le Dôme du Goûter, bien après l'heure.

Ou bien encore les mythiques Grandes Jorasses et la Dent du Géant.

Ailleurs aussi d'autres montagnes ont su développer leur esthétique propre, comme ici en Norvège.

La photographie en noir et blanc permet de mettre en lumière la grandeur et la solitude de la montagne, tutoyant parfois le sublime.
Sillonner les plus hauts sommets a longtemps été l'apanage des oiseaux,

Et l'homme a fini par s'en inspirer.

C'est pourtant avec beaucoup d'humilité et au péril de bien des vies qu'il est parti à la conquête des montagnes.

Et si ces photos d'alpinistes et de montagnes en noir et blanc sont récentes, elles conservent un caractère pour le moins intemporel.



Rappelant sans cesse la place que nous occupons face à tant de grandeur.
En montagne comme en mer, l'enfer n'est jamais bien loin comme ici sur les derniers remparts du mont Blanc recouverts d'un linceul de nuages.

Ou au sommet de l'Aiguille des Drus.

A l'esthétique tranchée des photos de montagne en noir et blanc succède vite leur caractère dramatique.

Le mauvais temps et le danger se répandent sur ses flancs comme la peste.

De l'esthétisme au dramatique, il n'y a parfois qu'un pas.
Il est alors temps de redescendre un peu, entre minimalisme et élégance.

En admirant des paysages que la neige a rendus monochromes et poétiques.

Et de trouver refuge :
Dans la douceur, à l'abri du monde,

Ou dans le chaos, à l'abri de la tempête.

Et retrouver des courbes maternelles,

Des chutes de reins radicales,

Et un grain à fleur de peau.

Une montagne redevenue brute et sensuelle par la grâce du noir et blanc.
Pour être la hauteur d'une nature aussi sauvage.
Entre composition et jeux de lumières.

Au pied des montagnes, après l'orage, le noir et blanc vient redonner un semblant d'équilibre.

Ces deux dernières images résonnent comme un hommage au grand maître de la photographie de paysages en noir et blanc que fut Ansel Adams.
Si la photo en noir et blanc nous ramène à l'essentiel, lorsqu'elle s'associe aux paysages de montagne elle nous renvoie parfois à une forme de Sacré.
Et nous invite à réfléchir, en ces temps de réchauffement, à l'impermanence des choses.
Cliquez sur les images pour les agrandir
Merci !!!
Toujours aussi beau !
Très belle newsletter inspirée
Sublimes photos en noir et blanc
récits toujours touchants
on aime vraiment beaucoup 😍😍
Toujours aussi intéressant vos commentaires et ces photos noir et blanc sont superbes comme toujours,merci pour vos récits également on se régale.🤗